Interview de Véronique
Doric réalisée par Isabelle Jacq,
en février 2008, pour
Musique Alhambra

Véronique Doric,
fondatrice et Directrice de 'Sons du Monde' et productrice du spectacle
'La Route des Fils du Vent'
- Véronique Doric, pourrais –tu nous parler de’ Sons
du Monde’ et de ton activité au sein de cette maison de production
?
-‘Sons du Monde’ est basée à Meudon, dans la région
parisienne. Elle existe depuis 10 ans, sous forme associative et depuis
5 ans sous forme de société. Je suis la fondatrice de ‘Sons du Monde’ et
productrice des spectacles que nous faisons tourner. Notre objectif est
mettre en valeur les musiques du monde et particulièrement les musiques
Gitanes et Tziganes. Nous essayons de toucher les mélomanes en faisant
des propositions de qualité tout en nous adressant aussi au grand public
en présentant des spectacles qui parlent avant tout au cœur des gens.
- A propos du spectacle ‘La route des fils du vent’,
d’où vient l’idée de ce spectacle que tu produis?
- D’abord du fait que j’ai toujours été attirée par les
musiques Gitanes et Tziganes. J’ai commencé par produire le groupe
Tchass d’Europe de l’Est, des Balkans, puis j’ai travaillé avec les
gitans Dhoad du Rajasthan, enfin avec le groupe de flamenco ‘Calle
Cerezo’ dirigé par Javier Cerezo. J’ai travaillé avec
eux
en m’intéressant à leur musique bien sur, mais très vite aussi à leur
culture, leur mode de vie, et à l’histoire des gitans du monde. Sachant
que le berceau des gitans du monde est le Rajasthan, qu’ils viennent
tous de là et qu’ils étaient partis vers l’Ouest et ont traversé
l’Europe pour aller jusqu’en Andalousie, j’ai parlé ce cela à Amrat
HUSSAIN, un des leaders des gitans de l’Ouest du Rajasthan, et nous
avons décidé ensemble de monter un spectacle avec tous ces groupes.
- Quelle est la trame du
spectacle ?
- Dans la première partie du spectacle, nous avons
souhaité présenter aux spectateurs les traditions musicales des
différentes cultures gitanes, et montrer comment la musique s’est
modifié tout au long des voyages.
Le spectacle commence par Djelem Djelem, l’hymne
des gitans en Rrom qui est repris en Indien et en Espagnol, puis on
repart à l’origine avec les chants traditionnels indiens. Ensuite pour
annoncer le départ vers l’Ouest, il y a une rencontre entre les indiens
et une partie des tziganes des Balkans, notamment avec la clarinette.
Cela symbolise les rencontres qu’il y a eu sur la route. Partout où la
musique tzigane a voyagé, elle a été influencée à la fois par les
traditions locales et par les rencontres faites sur la route. Enfin il y
a les musiques tziganes des Balkans puis une rencontre entre les Balkans
et le Flamenco.
Dans la deuxième partie du spectacle, tous les musiciens jouent
ensemble. Ils jouent une musique gitane beaucoup plus universelle. En
partant d’un thème traditionnel issu de l’une ou l’autre des traditions,
ils ont fait leurs propres arrangements musicaux.
- Les artistes ont-ils rencontrés des difficultés
particulières lors de l’élaboration du spectacle ?
- Une création collective avec 18 artistes présente de
toute façon de nombreuses difficultés, mais malgré le nombre, cela a
très bien fonctionné car chacun a trouvé son espace, et un équilibre
s’est mis en place spontanément entre ceux qui avaient davantage la
capacité d’organiser le travail collectif et ceux qui ajoutaient plus
ponctuellement des détails créatifs.
Par contre, il y a eu des difficultés dues aux
différences de tradition. Nous nous sommes aperçus que la compréhension
était très facile entre l’Inde et le flamenco, moins avec les tziganes
des Balkans car leur musique recourt davantage aux ressources musicales
et à un type d’élaboration propre à l’Occident. Quant aux artistes du
Rajasthan, on ne pouvait pas leur demander de s’appuyer sur des aides
mémoires écrits, car pour eux, « tout est dans la tête du début à la
fin ».
Un formidable travail d’ouverture et de compréhension
mutuelle s’est effectué entre les artistes au travers de l’élaboration
du spectacle au cours duquel chacun s’est adapté à l’autre. Tous ont du
faire des efforts pour se rejoindre dans la musique, et il a fallut que
chacun comprenne comment l’autre fonctionne pour arriver à ce spectacle.
C’était donc un grand défi musical, mais aussi une véritable aventure
humaine.
- Le résultat est fantastique… De plus les artistes
qui participent à ce spectacle ont tous beaucoup de talent ! Y a-t il un
message particulier que toi et les artistes avez souhaité faire passer
dans ce spectacle ?
- En ce qui me concerne, j’ai voulu montrer au public
l’immense talent musical des tziganes et des gitans à une époque où ils
rencontrent des problèmes d’exclusion un peu partout ; Nous essayons,
par le biais de la musique de leur redonner la place qu’ils méritent.
Pour ce qui est du spectacle, nous avons voulu retracer l’histoire de
ces peuples, montrer que tous les gitans du monde viennent du Rajasthan,
c’est une théorie qui est approuvée par les tous gens crédibles en
matière d’études sur les cultures Rroms et Tziganes. D’un point de vue
artistique, je souhaite aussi mettre en valeur le fait que, malgré les
différences de culture, ils sont tous très proches du cœur, unis par
leur amour de la musique et leur faculté d’adaptation.
- Le spectacle tourne
–t-il toujours avec 18 artistes sur scène ?
- Effectivement, du fait que les programmateurs n’ont pas
tous les moyens de programmer un spectacle avec 18 artistes, nous
proposons également une version plus réduite avec 12 artistes. Il s’agit
surtout d’une rencontre Flamenco-indienne appelée BULERINIDA, car ils
avaient très envie de réaliser un projet ensemble.
- Le spectacle continue de tourner n’est-ce pas ?
- Oui, la prochaine représentation ‘BULERINDIA’ aura lieu
dimanche 16 mars, au Cabaret Sauvage, à Paris. Puis, le 23 mai LA ROUTE
DES FILS DU VENT passera par Luçon, en Vendée. Le 14 juin, à Plaisir,
dans la région parisienne. Le 12 juillet à Fos sur mer, sur la plage,
dans le cadre d’un Festival nommé ‘les Chromatiques’. D’autres dates
sont en cours de confirmation.
- Merci Véronique et à très bientôt !

Voir le reportage photo du spectacle:
cliquer ici

Les Concerts Sons du Monde,
10 avenue Scribe 92190 MEUDON
Tel: 01.46.26.00.44
Mail:
sdm@sonsdumonde.com
Site Web :
www.sonsdumonde.com

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